Le paludisme, en tant que maladie transmissible, ne connaît pas de frontières. Les zones transfrontalières, souvent caractérisées par une forte mobilité humaine, des systèmes de santé inégalement développés, et des écosystèmes favorables à la prolifération du moustique vecteur, représentent des foyers persistants de transmission. Pour répondre efficacement à ce défi, la gestion des programmes de lutte contre le paludisme dans ces zones doit faire l’objet d’une approche concertée, transnationale et intégrée.
Mobilité humaine et risques de réintroduction
Les mouvements fréquents de populations (migrants, commerçants, réfugiés, travailleurs saisonniers) entre pays voisins exposent les zones frontalières à un risque élevé de propagation ou de réintroduction du paludisme, même dans les régions proches de l’élimination.
Inégalités dans la couverture des services de santé
Des écarts importants peuvent exister entre les politiques de santé publique d’un pays à l’autre, notamment en ce qui concerne l’accès aux diagnostics, aux traitements, à la distribution de moustiquaires imprégnées et à la surveillance épidémiologique.
Manque de coordination entre pays
Sans mécanisme formel de collaboration, les efforts menés dans une zone peuvent être compromis par l’inaction ou l’inefficacité dans la zone voisine.
Pour surmonter ces défis, une gestion efficace du programme de lutte contre le paludisme dans les zones transfrontalières repose sur les éléments suivants :
Création de cadres de coopération bilatérale ou multilatérale
Les pays partageant des frontières doivent établir des accords formels de collaboration sanitaire. Ces accords doivent définir les responsabilités de chaque pays, harmoniser les protocoles de traitement, et encourager les actions conjointes.
Mécanismes de coordination régionale
La mise en place de comités transfrontaliers (santé, logistique, surveillance) permet une planification conjointe, une répartition coordonnée des ressources et une réponse rapide aux épidémies.
Harmonisation des politiques et des outils
Il est essentiel que les pays utilisent des directives communes sur la prise en charge des cas, la collecte de données et le suivi-évaluation. Cela favorise l’interopérabilité des systèmes et une lecture cohérente de la situation régionale.
Surveillance conjointe et échanges de données
La surveillance transfrontalière repose sur le partage en temps réel des données épidémiologiques et entomologiques. Cela permet de suivre les tendances de transmission et d’identifier rapidement les zones à haut risque.
Renforcement des capacités locales
Les districts sanitaires frontaliers doivent être dotés de ressources suffisantes (personnel formé, tests de diagnostic, médicaments) pour prendre en charge les cas importés ou autochtones avec efficacité.